Nzel El Bahira : Sauver l’hôtel renversé, un trésor oublié du tourisme de luxe à Tunis
Un joyau architectural menacé au bord du lac de Tunis
Perché face aux eaux scintillantes du lac de Tunis, l’Nzel El Bahira – surnommé le « hôtel renversé » – est bien plus qu’un bâtiment. C’est un symbole du tourisme tunisien des années dorées, une icône de l’architecture moderne et un témoin silencieux d’un passé glorieux où la Tunisie fascinait les voyageurs du monde entier.
Conçu par l’architecte italien Raffaele Contigiani entre 1970 et 1973, cet hôtel de 400 chambres offrait une vue panoramique spectaculaire sur la capitale et le golfe. Son design audacieux, inspiré du brutalisme, avec sa structure pyramidale inversée, en faisait une prouesse architecturale unique en Afrique du Nord.
À son époque, séjourner à l’Nzel El Bahira, c’était vivre une expérience de luxe inédite : élégance, modernité et ambiance cosmopolite. L’hôtel a accueilli diplomates, artistes, hommes d’affaires et voyageurs en quête d’authenticité, devenant un incontournable du tourisme haut de gamme en Tunisie.
Des années de splendeur à l’abandon : une chute lente mais cruelle
Malgré son prestige, l’hôtel a fermé ses portes à la fin des années 1990, victime de conflits fonciers et d’un manque d’entretien chronique. Depuis plus de 25 ans, ce monument emblématique est laissé à l’abandon, rongé par le temps, la végétation et la négligence.
Pourtant, sa silhouette renversée continue de captiver les regards. Pour les amoureux de patrimoine architectural, les photographes urbains et les voyageurs curieux, l’Nzel El Bahira reste un lieu mythique – un vestige du rêve d’une Tunisie moderne, ouverte sur le monde.
Une menace imminente : la démolition en vue ?
Récemment, un projet immobilier visant à démolir l’édifice pour y construire un complexe commercial a relancé la polémique. Une décision qui fait bondir les défenseurs du patrimoine culturel tunisien et les professionnels du tourisme.
Pourquoi détruire un tel symbole alors qu’il pourrait être rénové, réhabilité et transformé en une destination touristique d’exception ? Une telle perte serait bien plus qu’un simple effondrement de béton : ce serait une blessure pour l’âme de Tunis.
Pourquoi l’Nzel El Bahira mérite d’être sauvé ?
Voici cinq raisons impératives de préserver et réhabiliter ce joyau du tourisme culturel :
- 🌍 Un atout rare pour le tourisme architectural
L’architecture brutaliste est une tendance en plein essor dans le tourisme mondial. En Afrique du Nord, l’Nzel El Bahira est l’un des rares exemples emblématiques de ce style. Sa préservation attirerait des voyageurs passionnés d’histoire, d’urbanisme et de design.
🏨 Un potentiel énorme pour le tourisme de luxe
Imaginez un hôtel 5 étoiles rénové, alliant design rétro-futuriste, confort moderne et vue imprenable sur le lac. Un tel établissement pourrait devenir un flagship du tourisme haut de gamme à Tunis, attirant les voyageurs internationaux en quête d’expériences uniques.🎭 Un centre culturel et événementiel incontournable
L’espace pourrait abriter un musée de l’architecture moderne, des expositions artistiques, ou des événements internationaux. Une véritable destination culturelle en plein cœur de la capitale.💼 Un levier économique pour le secteur du tourisme
La réhabilitation créerait des emplois, dynamiserait l’économie locale et renforcerait l’image de Tunis comme destination innovante et engagée.
- 🏛️ Un hommage à la mémoire moderne de la Tunisie
Ce bâtiment incarne une époque où la Tunisie croyait en un avenir radieux. Le préserver, c’est honorer cette partie méconnue de son patrimoine, entre modernité et identité.
La Tunisie possède un patrimoine naturel et culturel exceptionnel – des sites antiques aux villes blanches de la côte, en passant par ses oasis et ses médinas classées à l’UNESCO. Mais le patrimoine moderne mérite aussi d’être célébré.
L’Nzel El Bahira n’est pas qu’un hôtel abandonné. C’est une opportunité manquée, mais aussi une chance à saisir. Plutôt que de céder à la spéculation immobilière, Tunis pourrait choisir de réinventer son héritage.
En préservant et réhabilitant ce monument, la Tunisie enverrait un message fort : le tourisme durable, c’est aussi sauver ce qui fait l’âme d’un lieu.